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Lambeaux de corps

Des mains, des morceaux de crâne,
sidérant et effarant,
dans la morgue géante de Shura

Depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre dernier, des centaines de corps n'ont pas encore été identifiés. À la base de Shura en Israël, les légistes s'efforcent de redonner un nom à ces dépouilles, sidérés par les supplices subis par les victimes. 
 

La première image est saisissante : quinze conteneurs blancs s’alignent comme autant de cercueils de métal. À l’intérieur, reposent des dizaines, des centaines de corps ou de morceaux de corps de militaires et de civils tués par le Hamas lors de la sanglante attaque qui a frappé Israël le 7 octobre dernier.

Des dépouilles suppliciées à qui l’armée israélienne tente de rendre un nom à tout prix. Pour les familles. Elles demeurent des centaines à attendre fébrilement des nouvelles d’un père, d’une mère, d’un fils, d’une fille… Seules deux options, terribles, semblent aujourd’hui exister : ces disparus sont otages du Hamas ou reposent dans ces containers en acier, pour l'instant anonymes.

 

Cette semaine, quatre Français que l’on pensait être détenus aux mains du groupe terroriste implanté dans la bande de Gaza – Céline Ben-David, Karin Journo, Érick Peretz et de sa fille Ruth – ont ainsi été identifiés par les dizaines de légistes qui fourmillent au sein de la base de Shura. Située à une trentaine de kilomètres au sud de Tel-Aviv, c’est en son sein que l’armée israélienne a installé cette morgue temporaire partie qui sera là encore longtemps. 
 

« Ils ont cherché à souiller, à humilier »

Car malgré l’aide de nombreux volontaires, l’identification des corps prend du temps. La tâche s’avère gigantesque. « Au total, nous avons reçu près de 1 300 corps, explique le Rabbin Iam Wiesberg d’une voix pleine d’une colère froide emmagasinée au fil des atrocités découvertes depuis maintenant 13 jours.

 

Plus de 800 personnes ont déjà pu être identifiées, mais il reste encore beaucoup de travail. »Une mission rendue très compliquée par « les horreurs commises par le Hamas, affirme le Rabbin. On n’avait jamais vu ça depuis les nazis. Ils n’ont pas seulement cherché à tuer. Ils ont cherché à souiller, à humilier. Des soldats, des femmes, des enfants ont été massacrés, mutilés, brûlés… »


« On a des femmes qui n’ont plus de visage »

 

Des sévices qui ont rendu de nombreux corps méconnaissables. « On a des femmes qui n’ont plus de visage, qui ont été abattues de plusieurs balles dans la tête uniquement pour les dévisager, détaille la docteur Shir, dentiste de l’armée affectée à la base de Shura depuis l’attaque du Hamas. La première chose pour identifier un corps, c’est le visage ou le corps grâce aux empreintes digitales, et ensuite les dents. »

La jeune femme contient ses larmes puis reprend : « Mais comment voulez-vous faire quand ces barbares ont volontairement mutilé les corps, coupé des mains et tiré tellement de fois dans les visages qu’il n’en reste plus rien ? »

 

Reste alors l’ADN comme seul recours. Sous une tente blanche éclairée par un immense projecteur, des médecins tentent d’en extraire. Depuis le massacre du 7 octobre, les familles de disparues sont venues donner leur empreinte génétique afin qu’elle soit comparée à celles prélevées sur les cadavres gardés à Shura. « Cela prend du temps, mais toutes les mères pourront retrouver leur fils ou leur fille », assène Sherry, qui a lâché temporairement son travail d’architecte à Jérusalem pour apporter son aide sur la base de Shura.

Tous les jours, elle nettoie des femmes tuées le 7 octobre et dont il ne reste parfois qu’une manucure, symbole pour Sherry « de l’horreur de ce qui s’est passé. Ils n’ont pas tué des soldats, ils ont tué de jolies filles qui s’étaient faites belles pour aller faire la fête… »


De terribles atrocités

 

« Ce n’était pas la guerre, insiste Iam Wiesberg. C’était de la barbarie. » Et le Rabbin de rappeler d’une voix puissante, les atrocités qui lui et ses équipes ont découvertes depuis près de deux semaines. Par exemple, cette « femme enceinte à qui les terroristes ont ouvert le ventre pour sortir son fœtus. » Et cette « mère de famille dont ils ont brûlé le corps et dont il ne restait presque rien. Quand on l’a passé au scanner, on a découvert qu’elle tenait son bébé contre elle. »

Ce sont « toutes ces femmes retrouvées nues, victimes de viols avant d’être exécutées » ou ces hommes « dont on a coupé les mains, les pieds, les organes génitaux. » Des détails traumatisants pour Israël et qui expliquent en partie l’acceptation par une majorité de la population de la violente de la riposte menée par l’État hébreu sur la bande de Gaza.

 

« Les horreurs sont là, sous nos yeux »

« On doit anéantir le Hamas, tonne Iam Wiesberg alors qu’un avion de chasse survole la base de Shura. Il est essentiel de faire connaître tous ces crimes atroces pour que les gens comprennent ce que ces gens ont subi. Les terroristes peuvent dire ce qu’ils veulent, les horreurs sont là, sous nos yeux. »

 

Pour appuyer son propos, le Rabbin ouvre deux conteneurs. Immédiatement, une violente odeur de mort s’en dégage. Elle prend aux tripes et se niche au fond de la gorge pour ne plus en sortir. Même les soldats qui supportent cela depuis près de deux semaines recouvrent leur visage d’un masque pour tenter d’atténuer la puanteur. Dans l'un des containers de métal blanc, des dizaines de corps sont alignées dans des linceuls immaculés. Tous demeurent pour le moment anonymes.

Dans l’autre conteneur, les sacs mortuaires sont plus petits. Il s’agit de morceaux de corps. « Des mains, des bras, des morceaux de crâne », dit le Rabbin. Soixant-treize de ces fragments ont encore été ramenés dans la nuit de mercredi à la base de Shura par l’organisation Zaka, qui sillonne les lieux des massacres pour les récupérer.

 

« Même treize jours après le massacre, on trouve encore des bras »

« Dans la religion juive, chaque défunt doit être enterré avec tout son corps, explique Mendy Habib, un des dirigeants de Zaka. Certaines zones comme la route qui mène à Gaza n’ont pas encore pu être explorées, mais sur le site du festival de musique ou dans les kibboutzim, même treize jours après le massacre, on trouve encore des mains, des bras… »

Autant de restes humains anonymes qui doivent désormais être analysés à la base de Shura et rendus aux familles des défunts. Enfin seulement, les morts du 7 octobre « pourront reposer en paix ». Mais les vivants n’oublieront pas. Et reste, au sortir de ce lieu de mort, une question : Israël parviendra-t-il simplement à penser la paix après un tel choc ?

Sources : JForum et Le Parisien

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