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  • Photo du rédacteurMichel Benhayim

Gershom Scholem - Kabbalah et Symbolisme

Dernière mise à jour : 13 août



Le texte suivant est extrait de l’ouvrage écrit en allemand par Gershom Scholem, et édité pour la première fois en 1960 sous le titre : ‘Zur Kabbalah and ihrer Symbolik’.

Gershom Scholem est né à Berlin en 1897 ; il est décédé à Jérusalem en 1982. Professeur de mysticisme Juif à l’Université hébraïque de Jérusalem, il fut un précurseur et l’un des plus grands chercheurs dans le domaine de la Kabbalah. L’influence de son immense travail s’étend au-delà de la sphère académique et de l’étude scientifique de la Tora. Ses archives, composées de plus de vingt-cinq mille livres, ont été conformément à ses dernières volontés transférées à la Bibliothèque nationale d’Israël, où leur consultation est ouverte au public.


La Kabbalah signifie littéralement ‘Tradition1’ : celle-ci a été transmise de génération en génération, et elle représente l’ensemble du mysticisme juif. Elle a une longue histoire, et pendant de nombreux siècles, elle a exercé une grande influence sur ceux qui, au sein du Peuple juif, avaient l’ardent désir d’acquérir une plus profonde compréhension2 des formes d’expression et des conceptions traditionnelles du Judaïsme. La production littéraire des kabbalistes fut plus intense à certaines périodes que par rapport à d’autres, et elle s’est accumulée sous forme d’un nombre impressionnant de livres, dont la majorité remonte au haut moyen-âge.

Pendant de nombreux siècles, le principal ouvrage de ce grand mouvement littéraire, le Zohar ou ‘Livre de la Splendeur’, fut largement révéré, au même titre qu’un Texte sacré, et il n’était pas question de mettre sa valeur en doute. De nos jours encore, il bénéficie dans certaines Communautés juives de ce même niveau d’estime. Lorsqu’Israël devint un État indépendant, les Juifs du Yémen, qui représentaient une Communauté lointaine et isolée située au sud de la péninsule arabique, immigrèrent presque tous à bord de ‘tapis magiques’, selon l’expression qu’ils employaient à cette époque pour désigner les avions qui les transportaient. Ils furent alors obligés d’abandonner derrière eux presque tout ce qui leur appartenait. Mais il y eut un seul bien dont la plupart refusèrent de se séparer : leur exemplaire du Livre du Zohar. Et aujourd’hui encore, ils continuent de l’étudier.

Mais ce monde a été presque entièrement perdu par le Judaïsme européen. Jusqu’à notre génération, ceux qui étudiaient l’histoire du Judaïsme3 ne montraient qu’un faible intérêt pour les écrits liés à la Kabbalah, et ils les ignoraient presque tous. Cela était dû au fait que vers la fin du dix-huitième siècle, lorsque les Juifs d’Europe de l’ouest se tournèrent résolument vers la culture européenne, la Kabbalah fut l’une des premières et des plus importantes composantes de leur ancien héritage à être sacrifiée. Le mysticisme Juif, avec son symbolisme complexe et introverti4, était ressenti comme quelque chose d’étrange et de dérangeant… et il fut vite oublié.

Les kabbalistes avaient tenté de percer et même de décrire le Mystère de l’univers comme étant le reflet des Secrets de l’Essence Divine. Les représentations dans lesquelles leur expérience s’était cristallisée était trop profondément ancrée dans le vécu historique du Peuple juif, et elles semblaient avoir perdu au dix-neuvième siècle toute leur pertinence.

Au cours des siècles précédents, le monde de la Kabbalah avait été vital pour aider les Juifs à comprendre qui ils étaient véritablement. De nos jours, cet univers semble s’être évanoui dans le tourbillon de la vie moderne, à tel point que pour des générations entières la connaissance dans ce domaine fut réduite quasiment à néant. Ce qui en restait ressemblait à un champ sauvage de ruines, où à de rares moments un voyageur isolé manifestait son étonnement devant des fragments d’images bizarres du Sacré, que la pensée rationnelle ne pouvait bien sûr que repousser.

La clé nécessaire pour comprendre les livres de Kabbalah semblait avoir été perdue. Les érudits étaient perplexes et désemparés face à ce monde qui, au lieu d’offrir des concepts simples et clairs susceptibles d’être développés et enrichis, présentait des symboles de nature très particulière dans lesquels l’expérience spirituelle des secrets du mysticisme était entremêlée de façon quasiment inextricable avec l’expérience historique du Peuple juif.

C’est ce mélange entre ces deux domaines qui, dans la plupart des autres mysticismes religieux étaient restés séparés, qui conféra à la Kabbalah son empreinte particulière. Il n’est donc pas très surprenant qu’elle paraisse étrange à ceux qui étudient le mysticisme chrétien, étant donné qu’elle ne correspond pas du tout aux différentes catégories de mysticisme auxquelles ils sont habitués. Plus le fragment de la réalité historique réservé aux Juifs dans les tourments de l’exil était sordide, lamentable et cruel, plus apparaissait une signification symbolique profonde et précise, et plus l’espoir messianique rayonnait et transfigurait cette situation difficile. Au cœur de cette réalité résidait l’immense espérance d’une renaissance, le mythe de l’exil et de la rédemption que les kabbalistes ont largement développé…


Traduction et adaptation : Michel Benhayim – www.lezohar.fr Notes de traduction :

1. … Tradition קבלה : ce qui est reçu et transmis de génération en génération.

2. … une plus profonde compréhension : qui ne se limite pas au sens littéral et superficiel de l’Écriture.

3 …. ceux qui étudiaient l’histoire du Judaïsme : l’évolution de ses idées et de ses principales tendances.

4. … et introverti : tourné vers la connaissance de soi et de son Âme.



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