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  • Photo du rédacteurMichel Benhayim

Ramhal: sa vie et son oeuvre

Dernière mise à jour : 13 août




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1) Introduction

2) Jeune et prodige

3) De fausses accusations

4) L'exode à Amsterdam

5) Le rêve brisé


1) Introduction

Rabbi Moshé Ḥayim Luzzatto, plus connu sous l’acronyme Ramḥal, fut un Sage particulièrement éminent dont la grandeur n’a été reconnue que plusieurs années après sa mort. La vie de Ramḥal fut très courte, puisqu’il décéda avant d’avoir eu quarante ans. Malgré la brève durée de son existence, il réussit à écrire près d’une centaine de livres, grâce auxquels il parvint à laisser une marque indélébile sur l’ensemble des générations juives qui allaient venir par la suite.


2) Jeune et prodige


Rabbi Moshé Ḥayim Luzzatto est né à Padoue en Italie au cours de l’année 1707. Son père, Rabbi Ya’akov Ḥaï, était un érudit dans le domaine de la Tora, et il subvenait aux besoins de sa famille grâce à son activité dans le commerce des graines et de la soie. Comme il était riche et accueillant, il recevait de nombreux Juifs de passage dont certains venaient d’Israël. Cette hospitalité exerça une très grande influence sur le jeune Moshé Ḥayim qui garda de ces rencontres un profond sentiment d’amour et de nostalgie pour la Terre Sainte.


Dès son plus jeune âge, Moshé Ḥayim reçut de Rav Yitzḥak Ḥayim Cantarini un excellent enseignement dans le domaine de la Tora, ainsi qu’au niveau de la grammaire hébraïque, de la poésie et de l’art de s’exprimer d’une manière très logique et avec un style d’écriture très pur. Cette dernière qualité apparaît clairement dans les nombreux livres qu’il écrira plus tard au cours de sa vie.


Après le décès de Rav Yitzḥak Ḥayim, Moshé Ḥayim bénéficia de l’enseignement du Rav Yecha’yahou Bassane, auteur d’un ouvrage de Questions et Réponses intitulé ‘Pains de gratitude’ [publié en 1741]. Rav Yecha’yahou était considéré comme l’un des plus grands Sages de sa génération, et ses compétences étendues concernaient aussi bien l’aspect apparent de la Tora [le sens littéral] que celui qui est dissimulé [la Kabbala]. Rav Yecha’yahou Bassane, connu sous le nom de Mahari Bassane était דַּיָּן Dayane [Juge auprès d’un tribunal rabbinique] à Padoue, et de façon plus générale il était considéré par les Juifs d’Italie comme l’un de leurs plus grands Rabbins.


Mahari Bassane voyait en Moshé Ḥayim bien plus qu’un simple disciple. Au-delà de tout ce qu’il lui enseignait dans les domaines de la Tora apparente et de la Tora dissimulée, il avait aussi une perception intime de l’Âme profonde de son élève, ce qui lui permit de le guider et de lui transmettre une forme particulière de pensée concernant les aspects les plus secrets de la Tora.


Au cours de ses années de formation, Moshé Ḥayim reçut également une éducation profane ─ qui comprenait l’étude du latin, de l’italien, du français et du grec ─, comme cela était d’usage à l’époque et dans ce milieu ; il développa aussi son aptitude à écrire des poèmes et des pièces théâtrales.


Lorsque Moshé Ḥayim eut quinze ans, Mahari Bassane quitta la ville de Padoue pour assumer la fonction de Rabbin à Reggio d’Émilie, après que son beau-père ait été obligé de quitter ce ministère en raison de son grand âge.


Après le départ de son Maître, Rabbi Moshé Ḥayim continua à approfondir l’étude de la Tora et à servir ה׳. Il se joignit à un groupe d’hommes fervents qui avaient pris la résolution de se concentrer sur leur développement Spirituel. Le nom de ce groupe était : ‘Les chercheurs de ה׳’ [d’après Yecha’yahou (Isaïe) 51, 1, et Michlei (Proverbes) 28, 5]. Ses membres s’efforçaient de se détacher de toute activité profane, et ils se consacraient principalement à l’étude de la קַבָּלָה Kabbala. Au sein de ce groupe très restreint, Ramḥal fut rapidement reconnu comme un prodige, en raison de ses exceptionnelles capacités de compréhension et de mémorisation.


Ses compagnons d’étude se rendirent compte également qu’en plus de ses vastes connaissances concernant le Talmud et les décisionnaires en matière de הֲלָכָה Halakha, Rabbi Moshé Ḥayim était aussi très au fait des écrits du Arizal et de l’ensemble du Zohar. Il est dit qu’il ne savait pas ce que signifiait ‘oublier quelque chose’.


À une époque où, même pour un célèbre érudit, la publication d’un livre représentait un accomplissement majeur, à l’âge de quinze ans Ramḥal avait déjà écrit son premier livre de Kabbala


Son Rav et professeur, Rav Yecha’yahou Bassane, écrivit à son sujet : ‘Je lui ai communiqué tous les Degrés de la Connaissance, et toutes mes Perceptions Spirituelles étaient disponibles devant lui. Rien n’était dissimulé à ce génie assoiffé de Connaissance. Il recherchait dans toute ma bibliothèque pour trouver plusieurs écrits de Kabbala dont ה׳ m’avait gratifiés. Ensuite, il traversait [seul] la Rivière [בִּינָה Bina ‘Compréhension’], pour goûter à עֵץ הַחַיִּים ‘Ets HaḤayim ‘L’Arbre de la Vie’. Son esprit entrait alors dans les מַעֲמַקִּים Ma’amakim ‘Vallées profondes’ [חָכְמָה Ḥokhma ‘Sagesse’] des Secrets, et il commençait à les aimer et à s’en réjouir…’.


Le but principal des membres du petit groupe que Ramḥal avait rejoint, et qui fut plus tard dirigé par Rabbi Moshé David Valli, consistait à se rapprocher le plus possible de ה׳. Parmi les règles qu’ils s’étaient fixées, chaque membre du groupe devait à tour de rôle se consacrer à l’étude ininterrompue de la Tora, jour et nuit, et à se dévouer corps et Âme à ה׳ Qui devait représenter son seul et unique But dans la vie.


3) De fausses accusations


Dès que les objectifs de ce groupe d’étude parvinrent à la connaissance de certains Rabbins, dont Rav Moshé Haggiz, ceux-ci manifestèrent une grande inquiétude, en particulier au sujet de la rumeur selon laquelle Ramḥal recevait des enseignements de la part d’un מַגִּיד Maggid ‘Messager céleste’. Ils commencèrent à rallier les Sages les plus anciens contre Ramḥal. Pour eux, le mysticisme et la Kabbala étaient synonymes de mise en danger de la Communauté, à cause de la scission qui était auparavant apparue à l’intérieur du Judaïsme, à la suite du mouvement pseudo-messianique de Chabtaï Tsvi.


La réticence de Ramḥal à se défendre est largement décrite dans les échanges de correspondance qu’il eut avec son Maître, Rav Bassane. Une lettre écrite par Ramḥal démontre clairement son esprit pacifique et son ardent désir de rester au-dessus de telles querelles : ‘Mon Maître, essaie par ta Sagesse de réfuter leurs arguments… Car quel est le but de cette querelle ? Je ne veux pas créer de conflits avec qui que ce soit. C’est de paix dont nous avons besoin…’


À celui qui se considérait comme son opposant, Ramḥal écrivit : ‘Au Sage très illustre… dont le nom figure parmi les Grands… fils du Juste…, comment se fait-il que toi, un Sage qui est comme un Ange de ה׳, tu sois entré en guerre sans essayer d’approfondir le problème ? Et de déclarer la guerre contre quelqu’un que tu n’as jamais ni vu ni rencontré ?... Non, ce n’est pas bien… En tout cas, arrêtons cette querelle… Ne donnons pas au Satan la possibilité de danser entre nous…’


Tout au long d’une période de cinq ans, Ramḥal fut contraint de subir diverses persécutions et de répondre à plusieurs accusations qui provenaient en particulier du Tribunal rabbinique de Hambourg et de celui qui le dirigeait, Rav Yeḥezkel Katzenellenbogen. En réalité, que lui reprochait-on ? Rien de précis, si ce n’est peut-être d’avoir écrit alors qu’il était encore jeune un ouvrage sur la Kabbala, d’avoir fait mention du Machiaḥ et d’avoir révélé qu’un Maggid s’était adressé à lui.


Néanmoins, sur l'insistance du Rav Haggiz, Ramḥal accepta en 1730 de signer un document indiquant qu’il se rétractait formellement, et qu’il acceptait que ‘le devoir de tout Juif est d’obéir aux ordres des rabbins, même s’ils disent que la main droite est à gauche et la main gauche à droite… et qu’il arrêtera d’écrire des ouvrages inspirés du langage du Zohar et concernant la Kabbala, au nom du Maggid ou d’autres Âmes Saintes… de façon à ne pas provoquer de querelles parmi les Sages d’Israël.’


Comme il a été mentionné ci-dessus, la principale préoccupation de ceux qui s’opposaient à Ramḥal était due à la période très douloureuse que la Communauté juive d’Europe avait récemment traversée.


Près d’une centaine d’années plus tôt, un célèbre personnage juif était apparu et il avait fait des ravages dans le monde juif. Son nom était : Chabtaï Tsvi. Reconnu comme étant un mystique jeune et brillant, il entraîna de nombreux adeptes à croire qu’il était le Machïa’h. En exploitant le fait que la plupart des Juifs vivaient dans des conditions difficiles et qu’ils subissaient les affres de l’antisémitisme, il réussit à convaincre un grand nombre d’entre eux que la גְּאֻלָּהGueoulla ‘Délivrance finale’ était imminente. Alors qu’il était en chemin pour se rendre en Israël, il fut arrêté et emprisonné par les autorités turques. Menacé de mort par le sultan, Chabtaï Tsvi se convertit à l’islam. Ses disciples les plus ardents se convertirent également, affirmant ─ de façon assez incroyable ─ que tout cela faisait partie de l’évolution qui devait conduire à la Gueoulla. Pour la majeure partie des Juifs d’Europe, qui avaient une Emouna sincère dans la Gueoulla et qui l’espéraient, ce fait produisit un choc dévastateur. Il n’est donc pas étonnant que, lorsqu’un siècle plus tard apparut un autre érudit, jeune et mystique (dont nous savons aujourd’hui qu’il s’agissait du grand et juste Ramḥal), cela ait pu éveiller des suspicions parmi les Rabbins locaux, qui craignaient qu’il s’agisse à nouveau d’un autre faux Messie.


Mais l’attrait suscité par la Kabbala et la popularité croissante de Ramḥal amenèrent les autorités rabbiniques de son temps à prendre un décret qui lui permit d’enseigner la Kabbala sous réserve de deux conditions : qu’il dispense son enseignement en Israël, et qu’il ait d’abord atteint l’âge de quarante ans.


Des propos peu amènes furent prononcés à l’encontre de Ramḥal, bien que ses défenseurs fussent assurés qu’il était digne de confiance et qu’ils louaient son attachement sincère à ה׳. Cependant, beaucoup étaient d’avis qu’il ne convenait pas à un homme aussi jeune d’enseigner et d’écrire des livres sur la Kabbala et d’autres sujets ésotériques.


4) L'exode à Amsterdam


En pleine controverse, Ramḥal décida de quitter l’Italie avec sa famille et de se rendre à Amsterdam, où il évita d’attirer l’attention du public et où il se consacra en particulier à l’écriture.


Au cours de son voyage d’Italie à Amsterdam, il passa par Francfort. Là, il rencontra le Dayane, Rav Ya’akov Papiroch, qui lui ordonna de partir, et qui le força à signer un autre document lui interdisant d’écrire tout ouvrage sur la Kabbala ou d’étudier ses écrits avec qui que ce soit avant d’avoir atteint l’âge de quarante ans.


Pendant la période où Ramḥal séjourna à Amsterdam, il eut la possibilité de continuer à étudier la Kabbala sans trop d’entraves, et là-bas il était considéré comme un grand Sage. Pour subvenir à ses besoins, il exerçait un métier manuel décrit comme étant meuleur de lentilles, ou tailleur de diamants. Il continuait à étudier, mais il refusait d’enseigner. C’est au cours de cette période qu’il écrivit une partie importante de son œuvre, dont en particulier : Messilat Yecharim, Derekh ה׳, Da’at Tevounot et d’autres encore.


La contribution de Ramḥal à la Kabbala a été comparée à celle de Rambam à l’égard de la Halakha. À partir de l’immense ‘océan’ de la littérature talmudique, que seuls les érudits les plus éminents sont capables de maîtriser, Rambam parvint à dégager un code complet de la Loi de la Tora. Connu sous le nom de Michné Tora, c’est un modèle de clarté et d’ordre que chacun peut facilement comprendre.


De même, Ramḥal a su mettre en ordre et clarifier le labyrinthe des concepts et des enseignements kabbalistiques qui sont dissimulés dans les écrits du Arizal. Il a réussi à présenter de façon graduelle les différents Degrés qui permettent d’entrer et de progresser dans les mystères de la Kabbala. Cette importante clarification peut être utilisée avec profit par tout étudiant qui a une ferme volonté d’apprendre.


5) Le rêve brisé


En 1743, Ramḥal réalisa enfin son rêve de s’installer en Israël. Nous ne disposons que de très peu de détails sur sa vie là-bas, si ce n’est qu’il s’est établi dans la ville de עַכּוֹ Akko (Saint-Jean-D’acre).


Mais son séjour en Israël fut de courte durée. En 1746, à l’âge de trente-neuf ans, il mourut du fléau de la peste avec les autres membres de sa famille. Selon la plupart des traditions, il est enterré près de Rabbi ‘Akiva à Tibériade.


Comme cela est souvent le cas pour d’autres grands génies, la grandeur de Ramḥal n’a été reconnue que bien plus tard après sa mort. Le Gaon de Vilna (1720 – 1797) fut l’un des premiers à révéler sa véritable grandeur, en déclarant que si Ramḥal avait été encore en vie, il aurait voyagé à pied jusqu’en Italie pour recueillir les enseignements de sa Sagesse.


À propos de l’ouvrage Messillat Yecharim, le Gaon de Vilna déclara : ‘Ce livre témoigne de la grandeur de son auteur et de son extraordinaire vision du potentiel que l’homme possède pour s’élever.’ Il ajouta que Ramḥal était, depuis l’époque du Arizal, le seul Sage qui avait vraiment compris ce qu’est la Kabbala.


Au cours de notre génération, plusieurs livres d’excellente qualité ont été publiés en hébreu sur les œuvres les plus importantes de Ramḥal, grâce aux efforts du regretté Rav Ḥayim Friedlander et à d’autres érudits. Ces œuvres ont pu ainsi être mises à la portée d’un nombre de plus en plus grand d’étudiants.


Auteur: Rabbi Menaḥem Levine


Traduction et adaptation : Michel Benhayim



Ce texte est extrait du nouveau livre bilingue (hébreu-français) :


Les Dix Principes de la Tora et de la Kabbala - Ramḥal


Disponible dans les librairies,


Amazon, Cultura, Decitre, Fnac etc.




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