Parler à DIEU - Rav Adin Steinsaltz

Chacun d’entre nous peut parler à DIEU. Je ne peux pas dire que je n'ai jamais rejeté DIEU. Il y a eu des années où Il ne m'intéressait pas, et c'est peut-être là le plus grand rejet qui soit, bien plus que l'hostilité ou le manque de Emouna. Mais alors, le monde me semblait trop petit, trop confiné, beaucoup trop insensé sans Lui. Car pour moi, Il est l'ÊTRE Qui englobe tout, le grand Mystère, la Réalité transcendante qui est au-dessus, au-delà de tout ce qui existe.

Il est vrai également que DIEU joue à cache-cache avec nous ; Il se cache et je dois Le chercher pour pouvoir crier triomphalement : « Je L’ai trouvé ! » Cette redécouverte se fait tout au long de la vie. Il y a toujours des périodes où l'on se sent éloigné, presque étranger, même si l'on observe les prescriptions détaillées du rituel et de la prière, mais ces périodes peuvent être suivies d'une nouvelle découverte, d'un nouvel amour.

Comment peut-on caractériser DIEU ? Tout ce que nous pouvons dire sera à la fois juste et faux. Toutes les bonnes, belles et douces choses de ce monde sont en fait Ses Attributs et chaque jour, voire chaque instant, nous Le voyons différemment. Quelle est la couleur d'une bulle d'eau ? Cela dépend de l'angle sous lequel je la regarde ; et si je la regarde assez longtemps, j'y verrai toutes les couleurs et toutes les nuances : Grand, Puissant, Compatissant, Miséricordieux, Génial, Incompréhensible, mais extrêmement proche de moi, pour toujours.

Il me semble que tout être humain, et pas seulement ceux qui sont religieux, connaît de tels moments de Grâce. Ce sont des moments où l'on ressent Son Immense PRÉSENCE, ce que l’on appelle la Proximité de DIEU. Ce sentiment est en fait beaucoup plus fréquent qu'on ne le pense, mais nous ne pouvons pas toujours l'identifier. Certaines personnes éprouvent ce sentiment après avoir vu ou ressenti quelque chose de Sublime. D'autres font l’expérience soudaine, sans aucune préparation ni connaissance préalable, de la félicité et de la sécurité de cette Proximité.

DIEU n'est pas seulement le CRÉATEUR de l'univers, l’Entité qui a donné à l'univers un élan initial et Qui l'a ensuite quitté. Je crois que la Création est un processus continu ; le monde est recréé chaque jour, à chaque instant. L'existence du monde est le résultat de la PRÉSENCE constante de DIEU en son sein, et il n'y a pas de vie ni de réalité sans cette PRÉSENCE permanente, dans chaque particule de matière.

Je crois aussi que DIEU supervise les moindres détails de la réalité ainsi que chaque individu : Sa PROVIDENCE et Son ATTENTION ne se limitent pas aux êtres humains mais elles s'étendent à tout ce qui est créé. De même qu'Il est le Maître des grandes galaxies, tout comme Il est Responsable des grands événements, ainsi Il est PRÉSENT et supervise chaque mouvement de chaque être humain, de chaque oiseau qui vole, de chaque poisson dans l'eau, chaque sauterelle qui saute, chaque feuille qui dérive dans le vent, chaque brin de fumée qui sort d'une cheminée : DIEU veille sur toutes ces créatures et Il se préoccupe d'elles.

Et donc, DIEU a un Plan pour chaque être humain et chaque créature. Mais je ne peux pas savoir quel est son Plan pour moi. Parfois, je Lui demande (et je reçois de temps en temps une réponse, soit directement, soit indirectement) : que dois-je faire maintenant selon ce que Tu as prévu ? Ai-je fait ce que Tu voulais que je fasse, ou peut-être me suis-je trompé et T’ai-je mal compris ?

En même temps, que nous Le reconnaissions ou non, chacun de nous a une relation personnelle avec DIEU. Ma relation est toujours personnelle et privée ; précisément parce qu'Il est si Infini et Illimité, Il se rapporte personnellement et spécifiquement à moi. Il s'agit toujours d'une relation individuelle, que je sois seul ou au milieu d'une foule. D'une manière ou d'une autre, nous sommes toujours seuls ensemble.

C'est pourquoi la prière, peu importe la forme qu’elle revêt, est si importante. La prière doit toujours être une conversation avec DIEU. C'est la manière dont nous exprimons nos sentiments, nos craintes ou nos aspirations, ou dont nous formulons nos demandes. Il y a aussi la prière pour sa communauté, sa propre nation ou le monde entier. Et la prière peut aussi être une autre sorte de conversation : une envie de dire merci, de dire : 'comme il est bon que Tu sois là'.

Nous prions DIEU; et d'une certaine façon, Il nous répond en décidant de notre sort. Le bilan privé de chacun, qu'il soit bon ou mauvais, est bien trop complexe et personne n'est capable de se juger correctement, encore moins de juger les autres. Chaque année, il y a une période de Jugement, de Roch HaChana à Yom Kippour, et aussi plus tard, au cours de laquelle le destin de chacun pour l'année à venir est généralement déterminé.

Mais ce Jugement n’est pas absolument définitif. Il dépend de l'état de l'homme à chaque moment précis. Lorsqu'un homme change radicalement de vie, que ce soit pour le meilleur ou pour le pire, son verdict change en conséquence. Le ‘Livre’ dans lequel DIEU ‘écrit et scelle’ les Jugements est, pour ainsi dire, comme un traitement de texte sur un ordinateur : à tout moment, il est possible de le modifier, de l’effacer et de réécrire.

Plus encore, nous pouvons faire appel. Les êtres humains ont le droit (peut-être aussi le devoir) de s’adresser à DIEU, de Lui demander certaines choses et aussi de se plaindre à Lui, d'affirmer : ‘Tu n'as pas raison’. C'est le même droit qu'un enfant a de pleurer et dire : ‘Pourquoi les autres enfants ont-ils plus ? » Un être humain a le droit de se plaindre. DIEU veut que nous soyons honnêtes avec lui. Mais malgré tout, l’homme ne peut pas être juge.

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