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Israël: le cœur du Judaïsme et du Peuple Juif

  • Photo du rédacteur: Michel Benhayim
    Michel Benhayim
  • 1 juil.
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : 25 juil.

Le Symbole d'Israël et du Peuple juif
Le Symbole d'Israël et du Peuple juif

Pourquoi Israël ?


Pourquoi la Tora accorde-t-elle une si grande importance à ce lieu que Spinoza appelait une simple 'bande de territoire' ?


Le DIEU d’Abraham est le DIEU du monde entier, un DIEU Qui n’est pas limité par l’espace. Pourquoi choisit-Il donc un espace particulier, et en plus un espace aussi petit et aussi vulnérable ?


La question 'Pourquoi Israël'? sur le plan géographique revient à se demander 'Pourquoi les Juifs'?


La réponse réside dans la dualité qui définit la Foi juive et constitue l’une de ses contributions les plus importantes à la civilisation. Le Judaïsme incarne et illustre la tension nécessaire entre l’universel et l’unique, entre le partout en général et le quelque part en particulier.


S’il n’y avait que des critères universaux, le monde serait constitué d’empires, chacun revendiquant la totalité de la vérité et chacun voulant démontrer cette vérité en tentant de conquérir ou de convertir tous les autres. S’il n’y a qu’une seule vérité, et que vous la détenez, alors les autres ne la détiennent pas. Ils vivent dans l’erreur. C’est ce qui a permis de justifier d'innombrables crimes au cours de l’histoire.


Si, au contraire, il n’y a que des particularités – une multiplicité de cultures et d’ethnies sans principes moraux universels pour les lier – alors le monde consisterait naturellement en une prolifération incessante de tribus en guerre. Tel est le risque aujourd’hui, dans un monde post-moderne et moralement relativiste, où les conflits ethniques, la violence et la terreur avilissent le visage de nombreuses régions du globe.


L’Alliance abrahamique, telle que la conçoit le Judaïsme, est le seul moyen d’éviter ces deux scénarios. Les Juifs appartiennent à un endroit, pas à un autre. Pourtant, le DIEU qu’ils veulent servir est le DIEU de partout, pas seulement de quelque part.

Israël: un tout petit pays

Les Juifs ont donc reçu l’ordre de n’être ni un empire ni une tribu, de ne pas nourrir d’aspirations universelles ni de belligérance tribale. Leur Terre devait être petite, mais importante, car c’est là, et là seulement, qu’ils devaient vivre leur destin.


Ce destin était de créer une société qui honorerait la proposition selon laquelle nous sommes tous créés à l’Image et à la Ressemblance de DIEU. Ce serait un lieu où la liberté des uns ne conduirait pas à l’esclavage des autres. Ce serait le contraire de l’Égypte, dont ‘le pain de misère’ et les herbes amères de l’esclavage devaient être mangés chaque année au cours de la Fête de Pessaḥ, pour qu’ils se souviennent de ce qu’il leur fallait éviter. Ce serait la seule Nation au monde dont le Souverain est DIEU Lui-même et dont la Constitution – la Tora – est Sa Parole.


Le Judaïsme est le code d’une société autonome. Nous avons tendance à l’oublier, car les Juifs ont vécu dispersés pendant plus deux mille ans, sans le pouvoir souverain de se gouverner eux-mêmes, et parce qu'Israël de nos jours est un État laïque. Le Judaïsme est une religion de rédemption plus que de salut : elle concerne les espaces partagés de nos vies collectives, et non le drame intérieur de l’âme, bien que le Judaïsme, dans les livres des Psaumes et de Job, évoque également cet aspect.


Le DIEU du Judaïsme est le DIEU de l’amour : « Tu aimeras l’ÉTERNEL ton DIEU de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta force » [1]. « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » [2]. « Tu aimeras l’étranger » [3]. La Tora est un livre imprégné d’amour – l’amour de DIEU pour l’humanité et l’amour du Peuple Juif pour DIEU. Toutes ses émotions tendues de colère et de jalousie font partie de l’histoire de cet amour souvent non réciproque.


Mais parce que le Judaïsme est aussi le code d’une société, il concerne également les émotions sociales : la droiture (צֶדֶק et צְדָקָה), la justice (מִשְׁפָּט), l’amour bienveillant (חֶסֶד) et la compassion (רַחֲמִים). Celles-ci structurent le modèle de la loi biblique, qui couvre tous les aspects de la vie de la société, son économie, ses systèmes de protection sociale, son éducation, la vie familiale, les relations entre employeurs et employés, la protection de l’environnement, etc.


Les grands principes qui sous-tendent cette structure élaborée, traditionnellement énumérée sous la forme des 613 Commandements, sont clairs. Personne ne doit être laissé dans une situation de pauvreté extrême. Personne ne doit manquer d’accès à la justice et aux tribunaux. Aucune famille ne doit être privée de sa part de terre. Un jour sur sept, chacun doit être libre. Un an sur sept, toutes les dettes devraient être annulées. Un an sur cinquante, toutes les terres vendues devaient revenir à leurs propriétaires d’origine. C’est ce qui se rapproche le plus d’une société égalitaire dans le monde antique.


Rien de tout cela n’aurait possible sans une terre.  Nos Sages n'ont-ils pas dit : « Celui qui vit en dehors d’Israël est comme s’il n’avait pas de DIEU »?


Naḥmanide, au treizième siècle, a déclaré que « le but principal de tous les Commandements est pour ceux qui vivent sur la terre de  l’ÉTERNEL ». Il s’agit là de sentiments mystiques, mais nous pouvons les traduire en termes séculiers. Le Judaïsme est la constitution d’une Nation autonome, l’architecture d’une société vouée au service de DIEU dans la liberté et la dignité.


Sans terre ni État, le Judaïsme n’est que l’ombre de lui-même. DIEU peut encore vivre dans le cœur, mais pas sur la place publique, dans la justice des tribunaux, la moralité de l’économie et l’humanitarisme de la vie quotidienne.


Les Juifs ont vécu dans presque tous les pays du monde. En 4 000 ans, ce n’est qu’en Israël qu’ils ont pu vivre en tant que peuple libre et autonome. C’est seulement en Israël qu’ils ont pu construire une agriculture, un système médical, une infrastructure économique, dans l’esprit de la Tora et de son souci de liberté, de justice et du caractère sacré de la vie.


Ce n’est qu’en Israël que les Juifs peuvent aujourd’hui parler l’hébreu de la Tora comme langue de tous les jours. Ce n’est qu’en Israël qu’ils peuvent vivre le temps juif dans un calendrier structuré selon les rythmes de l’année juive. Ce n’est qu’en Israël que les Juifs peuvent à nouveau marcher là où les prophètes ont marché, escalader les montagnes qu’Abraham a gravies et vers lesquelles David a levé les yeux. Israël est le seul endroit où les Juifs ont pu vivre le Judaïsme autrement que sous la forme d’une édition copiée, en poursuivant l’histoire que leurs ancêtres ont commencée.


L’État d’Israel renaissant a certainement dépassé les plus grands espoirs des premiers pionniers du retour à Sion, et ce malgré le fait qu’il ait dû faire face à des menaces quasi incessantes de guerre, de terreur, de délégitimation et de diffamation. Malgré tout cela, Israël reste un témoignage vivant du grand Commandement de Moïse : « Choisis la vie, afin que toi et tes enfants puissiez vivre » [4].


Puisse la lumière de l’État d’Israël, qui brille un peu plus chaque année, continuer à être une bénédiction, non seulement pour le Peuple juif, mais aussi pour le monde entier.

Jonathan Sacks

Rav Jonathan Sacks

Traduction et adaptation du texte original en anglais


Notes du traducteur :

[1] Deutéronome 6, 5.

[2] Lévitique 19, 18.

[3] Lévitique 19, 34.

[4] « Et tu choisiras la vie : Deutéronome 30, 19.


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