
חַג שָׁבוּעוֹת
יוֹם מַתַּן תּוֹרָה
La Fête de Chavouot
Le Jour du Don de la Tora
Entre Esclavage et Liberté

רַב דָּוִד אַגְמוֹן
Rav David Agmone

Comment se préparer à ce grand Jour ?
La FÊTE de CHAVOUOT est considérée, sur le plan SPIRITUEL, comme le moment le plus élevé de l’année Juive.
En ce Jour, il est possible de parvenir au DEGRÉ de l’ÂME appelé יְחִידָה ‘YEḤIDA’, au-dessus des quatre autres DEGRÉS, qui sont dans l’ordre de la קְדֻשָּׁה ‘KEDOUCHA’ : נֶפֶשׁ ‘NEFECH’, רוּחַ ‘ROUAḤ’, נְשָׁמָה ‘NECHAMA’ et חיה ‘ḤAYA’.
Dès l’apparition de l’aube, au moment de la prière de Moussaf appelée כֶּתֶר ‘KETER’, une atmosphère d’intense UNION SPIRITUELLE entre Israël et le CRÉATEUR est peut être ressentie.
Celle-ci se renouvelle chaque année en ce Jour : c’est le moment du DON de la TORA ; il revient chaque année parce que dans le DOMAINE SPIRITUEL la notion d’absence n’existe pas. La RÉVÉLATION qui eut lieu à un moment donné existe et subsiste pour toujours, éternellement prête à se dévoiler pour chaque personne qui se prépare à recevoir cette LUMIÈRE.
Étant donné que dans le DOMAINE SPIRITUEL le moment du DON et celui de recevoir ce DON n'ont pas toujours lieu en même temps, nous devons considérer la FÊTE de CHAVOUOT comme une nouvelle possibilité de recevoir la TORA. Bien que celle-ci ait déjà été donnée, sa LUMIÈRE est aujourd’hui encore PERMANENTE et ÉTERNELLE.
Ce qui est nécessaire, c’est הַכְּלִי ‘le RÉCEPTACLE SPIRITUEL’ [la Volonté] apte à recevoir le שֶּׁפַע ‘l’ABONDANCE DE BIENFAITS’, qui permet de se rapprocher de la LUMIÈRE de la TORA. Pour que cela puisse avoir lieu, nous devons comprendre un aspect très important que nous allons présenter ci-dessous, afin de nous préparer à la FÊTE de CHAVOUOT.
Comment serviteur de façon authentique ?
Avant la sortie d’Égypte, quand Moshé se tenait devant le Buisson Ardent, l’ÉTERNEL lui dit : « … lorsque tu auras fait sortir ce peuple d’Égypte, תַּעַבְדוּן ‘vous servirez’ ELOKIM sur cette montagne » (Exode 3, 12). La FINALITÉ de la sortie d’Égypte était de servir l’ÉTERNEL sur le mont Sinaï.
Lorsque l’ensemble du Peuple reçut la TORA, il entendit la première ‘PAROLE’ : « Je suis l’ÉTERNEL, ton ELOKIM, Qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison עֲבָדִים ‘d’esclavage’ » (Exode 20, 2). Le Rav Scheinberg expliqua un jour ce que cela signifie : ‘Les mots « maison d’esclavage » viennent nous rappeler deux points : tout d’abord, aujourd’hui nous sommes serviteurs de l’ÉTERNEL et nous ne sommes plus les serviteurs de Pharaon ; il nous appartient de לַעֲבֹד ‘servir’ le CRÉATEUR du monde, et uniquement LUI. Ensuite, cela nous rappelle que les deux-cents dix ans pendant lesquels nous étions esclaves en Égypte, le Peuple a appris ce qu’était la עַבְדוּת ‘servitude’ absolue. L’Égypte était le pays de la servitude : là-bas, les Bnei Israël n’avaient aucune liberté : ce qu’ils étaient, c’était des esclaves, par la pensée, par la parole et par tout ce qu’ils faisaient.
Après avoir appris en quoi consiste l’esclavage sous sa forme la plus absolue, ils ont su ensuite comment il fallait servir l’ÉTERNEL, car en vérité c’est ainsi que nous devons LE servir’.
Nous savons que l’ÉTERNEL veut prodiguer des BIENFAITS à SES créatures, contrairement à un roi humain qui ne cherche qu’à dominer ses sujets et à agir en despote : ce qui est importante pour l’ÉTERNEL est de prodiguer des BIENFAITS. Il y a là une INTENTION dissimulée qu’il faut découvrir et approfondir : pour quelle raison l’ÉTERNEL aurait II besoin de nous comme serviteurs ?
Serviteurs de qui ?
Par la force des choses, notre vie entière est une succession de modes d’asservissements : certains sont indispensables mais d’autres présentent des dangers. Dès les premiers jours, le petit enfant est dépendant de ses parents et de son environnement. L’homme est un être social : il n'a pas le choix, pour son bien-être et son développement personnel, il doit entrer dans un système de relations réciproques avec son entourage. De son environnement, il reçoit de l’affection et de l’amour, de la nourriture, une éducation et une formation, des valeurs, un sens à son existence…, et normalement il en est ainsi tout au long de sa vie. S’il n’y prend pas garde et s’il ne réfléchit pas suffisamment aux relations qu’il a avec les autres, il risque de se retrouver dans une situation où il sera asservi à un grand nombre de personnes : à ceux qui lui permettent de se nourrir et de gagner sa vie, à ceux qui lui procurent honneurs et avantages de toutes sortes, à tout ce à quoi il s’est accoutumé ou à toute personne qui pourvoit ce qui lui manque…
Rav Ashlag disait à ce sujet : ‘En fait, il y a en tout deux façons d’être asservi dans le monde : soit être asservi au CRÉATEUR, soit à Ses créatures. A l’une d’entre elles, il est tenu d’être asservi, car même un roi est obligé de dépendre des autres. Et pourtant, seul celui qui se soumet au CRÉATEUR – et à personne d’autre – ressent le goût d’être libre’ (פְּרִי חָכָם ‘Le Fruit du Sage’, § 65).

La véritable LIBERTÉ
Au mont Sinaï, le CRÉATEUR ne nous a pas donné une religion au sens simple du mot. Il nous a donné une CLÉ pour devenir véritablement libres, pour vivre en ce monde sans être englouti par lui. À propos du verset : « Les Tables étaient l’OUVRAGE de ELOKIM, et l’Écriture était l’ÉCRITURE de ELOKIM, gravée sur les Tables » (Exode 32, 16), nos Sages ont dit ‘Ne lis pas חָרוּת ‘gravée’ mais חֵרוּת ‘LIBERTÉ’ (Midrach Chemot Rabba 41).
À ce sujet, le Rav Ashlag dit : ‘Le Judaïsme n’a d’autre but que de répondre au besoin de celui qui l’observe et qui veut servir le CRÉATEUR’ (‘Essence et Finalité du Judaïsme’). Et sache que le CRÉATEUR n’a nullement besoin ni de notre servitude ni que nous le servions, ainsi qu’il est écrit : « Parce que Moi, l’ÉTERNEL, JE ne change pas… » (Malachie 3, 6). Il n’y a aucun changement dans la LUMIÈRE du CRÉATEUR. Car si l’on affirmait qu’il y a en LUI le moindre changement, cela voudrait dire qu’il y aurait en LUI un certain manque, ce qui est absolument inconcevable. Il s'ensuit que le fait de servir le CRÉATEUR est un DON qui nous est accordé par le CIEL afin que nous puissions accomplir en ce monde ce que nous devons faire et parvenir ainsi à notre FINALITÉ qui est de s’attacher à LUI, loué soit-Il.

Lever tous les Obstacles
Alors qu’approche la FÊTE de CHAVOUOT, avant qu’arrive la possibilité de se libérer de ‘l’ANGE de la Mort’, du penchant du mal, de la volonté de recevoir rien que pour soi, de l’égoïsme qui sévit partout, en nous et autour de nous, nous avons l’obligation de méditer sur la notion d’esclavage. Le soir de PESSAḤ, nous nous sommes dirigés vers la LIBERTÉ. Mais comme le disait Rabbi Yitsḥak Louria, cette LUMIÈRE s’est éloignée, et dès le lendemain nous avons entamé notre marche vers le mont Sinaï. Nous avons commencé à compter les jours entre notre passé où nous étions les esclaves de Pharaon et notre prochain avenir où nous deviendrons les serviteurs de l’ÉTERNEL. C’est pendant cette période que nous préparons le RÉCEPTACLE SPIRITUEL destiné à recevoir la TORA.
Progressivement, nous cessons d’être des « esclaves d’esclaves » et nous nous préparons à devenir les serviteurs de l’ÉTERNEL, ainsi qu’il est écrit dans la Paracha בְּהַר « BeHar » : « Car c’est à MOI que les Bnei Israël appartiennent ; ce sont MES Serviteurs que j’ai fait sortir d’Égypte… » (Lévitique 25, 55).
Au cours de la présente période où nous nous préparons à recevoir la FÊTE de CHAVOUOT, nous devons réfléchir et nous demander en quoi précisément consiste ‘notre Égypte’, c’est-à-dire notre esclavage. Il faut éveiller en nous le profond désir de se rapprocher du SEUL et UNIQUE MAÎTRE de l’univers. Pour aller vers la LIBERTÉ, il faut se débarrasser de toutes les dépendances vis-à-vis d’autrui, de l’asservissement à la matérialité et à nos faibles inclinations ; puis, accepter le ROYAUME DES CIEUX. Avant le jour du DON DE LA TORA, il est grand temps de demander à l’ÉTERNEL qu’Il nous apprenne à LE craindre et à L’aimer afin que nous ayons le mérite de supprimer tous les obstacles et de s’attacher à LUI. Nous serons alors des Êtres libres, comme il est écrit ci-dessus : ‘Et pourtant, seul celui qui se soumet au CRÉATEUR – et à personne d’autre – ressent le goût d’être libre’ (‘Le Fruit du Sage’, § 65).