
La biographie du Rav Ashlag
Le Rav Ashlag est né le 14 septembre 1985 à Varsovie et il est décédé le 7 octobre 1954 à Jérusalem. Il est connu sous le nom du "Ba'al HaSoullam", à la suite du célèbre commentaire qu'il a écrit sur le Zohar et qu'il a intitulé "HaSoullam", c'est-à-dire 'l'Échelle".
Dès son plus jeune âge, il manifeste une volonté peu commune d’apprendre, ainsi qu’une intelligence et une mémoire exceptionnelles. Selon son fils aîné, Rabbi Baroukh Chalom, alors qu'il est un enfant à peine âgé de sept ans qui commence à s'endormir, un livre tombe subitement sur sa tête. Il demande à son père de quoi parle ce livre, et celui-ci lui répond que "c'est un livre destiné aux Anges, mais pas aux êtres humains". Ce à quoi le jeune Yehouda répond : "si ce livre a été imprimé, c'est qu'il est destiné aux hommes". Son père lui dit : "Mais il n'est pas pour toi". Cette réponse ne fit que renforcer sa curiosité et, depuis lors, il s'attacha à l'étude de ce livre de Kabbala, dont la Lumière entra dans son cœur et dans son Âme.
À onze ans, cet enfant particulièrement doué lit des livres de Moussar et s’efforce d’appliquer leurs conseils. Malgré la fatigue et le besoin de sommeil, il passe ses jours et ses nuits à étudier à la Yechiva réputée de Gour à Varsovie, si bien qu’à quatorze ans il connaît déjà l’ensemble du Talmud et de ses commentaires.
Il a dix-neuf ans lorsque le Conseil des Sages de Varsovie lui décerne le titre de Rav. Puis, il devient Dayan [Juge au tribunal rabbinique de Varsovie] et enseigne la Halakha pendant seize années. Rav Yehouda Ashlag est animé par un intérêt de plus en plus affirmé pour la Kabbala, en particulier le Livre du Zohar et pour les commentaires de Rabbi Yitshak Louria. Un matin d’octobre 1918, alors qu'il est âgé de trente-trois ans, Rav Ashlag fait la connaissance d'un personnage mystérieux, qui se présente comme un simple marchand mais pas du tout comme un kabbaliste. Les deux hommes vont étudier ensemble et ce personnage va lui révéler certains Secrets de la Kabbala. Mais après quelques mois, il disparaît subitement. Dans ses écrits, le Rav Ashlag z''l évoque ce personnage en l'appelant avec beaucoup de considération: "Mon Maître saint, que son souvenir soit une bénédiction". Par la suite et dans la plus grande discrétion, le Rav Ashlag enseigne la Kabbala à un groupe restreint de Ḥassidim.
En septembre 1921, il décide de quitter la Pologne et d'aller vivre en Israël. Après un périple dangereux de près de deux mois, il arrive sur la Terre promise et il se rend rapidement dans la vieille Ville de Jérusalem. Là, il entreprend de réunir chez lui un petit groupe de Ḥassidim qui, de minuit jusqu’aux premières heures de l’aube, se consacrent à l’étude du Zohar. Les membres du groupe auquel il transmet son enseignement sont, à des degrés divers, des descendants du Ba’al Chem Tov. Du point de vue matériel, les conditions d’existence du Rav Yehouda Leïb HaLevi Ashlag s’avèrent très difficiles.
À propos de l'aspect matériel et du domaine spirituel, voici ce qu'écrit le Rav Ashlag à l'un de ses disciples : « La matérialité et la spiritualité sont complètement opposées l’une à l’autre : tout le monde éprouve un sentiment de frustration sur le plan matériel et celui qui n’a pas ce qu’il veut dans ce domaine éprouve une certaine détresse. Même lorsque quelqu'un réussit à obtenir ce qu’il veut sur le plan matériel, il n’en est pas pour autant satisfait et il ressent un sentiment de vide. Mais en ce qui concerne la spiritualité, c’est le contraire : elle ne manque à personne et on peut très bien vivre sans elle. Il faut accomplir un travail immense sur soi pour ressentir que ce domaine est absent. Mais celui qui a le mérite de s’approcher ‒ ne serait-ce que très peu ‒ de HACHEM, loué soit-Il, celui-là est le plus heureux des hommes ».
On le voit, l’univers de pensée dans lequel vit le Rav Yehouda Leïb HaLevi Ashlag est d’une telle élévation que les biens matériels lui paraissent tout à fait dérisoires.
Après avoir œuvré toute sa vie pour faire connaître la Sagesse de la Kabbala, il s’éteint le jour de Kippour, au cours de l’année 1954. L’année précédente, à la fin de la fête de Soukkot qui symbolise la fragilité de la vie et au cours de laquelle la Tora prescrit de se réjouir, il confie à sa femme : « Les Ḥassidim ne vont plus beaucoup profiter de ma présence : une année seulement ».
Onze mois plus tard, le premier jour de l’année juive, il annonce à l’un de ses disciples « Sache que dans dix jours, je vais partir ». Effectivement, le dixième jour, à l’instant où dans sa synagogue les Ḥassidim lisent le texte de la prière de Kippour « Je le comblerai de jours nombreux et Je lui montrerai Ma Délivrance », dans la chambre attenante à la Synagogue, son Âme retourna là d’où elle était venue.
Ses écrits
A partir de 1937: Le Talmud des dix Sefirot, qui présente de façon méthodique des écrits du Arizal et en particulier le livre "l'Arbre de Vie". Cette œuvre comprend 16 tomes, dont la parution commença en 1937.
De 1945 à 1953: Le commentaire détaillé intitulé "HaSoulam" sur le Livre du Zohar, avec la traduction complète de l'araméen en hébreu ainsi que plusieurs introductions. Cette œuvre comprend 18 tomes et elle a été publiée de 1945 à 1953.
Toutefois, ce sont surtout ses écrits dont le contenu est beaucoup plus accessible qui ont permis la diffusion de ses idées auprès d'un large public, juif ou non juif. Parmi les plus connus figurent les ouvrages suivants: "Le Don de la Tora", "La Responsabilité solidaire", "L'Essence du Judaïsme et sa Finalité", "L'Essence de la Sagesse de la Kabbala, "La Paix" et "Propos sur la Liberté".
Ses enseignements
L'étude de la Kabbale
La pensée du Rav Ashlag est à l'origine du développement important de l'étude de la Kabbale au cours des dernières décennies. Ce rayonnement correspond à un besoin ressenti par de très nombreuses personnes, qui recherchent une véritable alternative à l'individualisme et à l'égoïsme qui caractérisent le Monde occidental en particulier. L'approche du Rav Ashlag peut être considérée comme psychologique et éthique. Profondément inspirée par la Tora et les Prophètes, elle puise sa source dans le livre du Zohar ainsi que dans les écrits du Arizal.
Dans ses écrits, le Rav Ashlag présente sa conviction selon laquelle l'étude du Livre du Zohar et des écrits du Arizal est une condition essentielle pour la survie du Peuple juif. Il voit dans l'amour envers autrui et la volonté de prodiguer le bien le message central de la Tora et des Prophètes. Cet immense progrès, qui représente une révolution par rapport à la situation qui prévaut en général, doit permettre de réaliser l'exigence de justice sociale, condition préalable à l'avènement de la Délivrance complète.
Une telle pensée n'est pas en soi originale : elle s'inscrit fidèlement dans les courants de la Kabbala et du Moussar qui les ont précédés. Ce qui fait l'originalité du Rav Ashlag, c'est son exceptionnelle capacité à démontrer tout ce qu'il affirme, en s'appuyant aussi souvent que nécessaire sur des versets de l'Écriture.
Les principales orientations
de la pensée du Rav Ashlag
Égoïsme et altruisme
Dès la naissance, l'être humain est dominé par une tendance naturelle qui consiste à prendre tout ce qu'il désire. Cette inclination est appelée par le Rav Ashlag: "la volonté de recevoir". Elle a la particularité de se développer sans cesse, jusqu'à ce qu'elle se heurte à d'autres "volontés de recevoir", ce qui provoque de nombreux conflits individuels et collectifs. Cet égoïsme ne peut pas être entièrement supprimé, car il a été créé par le Créateur, mais l'objectif de chaque être créé est de diminuer son influence et de faire en sorte qu'il soit au service de "la volonté de prodiguer le bien". Il ne s'agit plus de recevoir pour recevoir, mais de recevoir pour donner. Cet altruisme ne doit pas être guidé par une idéologie politique, qui finit tôt ou tard par disparaître, mais il est doit être considéré comme une "Mitsva", c'est-à-dire le fruit de la Volonté du Créateur.
Le choix d'un bon environnement :
Les pensées sont largement influencées par "l'environnement" dans lequel on se trouve. Cet environnement se compose de ספרים et de סופרים. Les ספרים sont les livres qui traitent de "la Sagesse de Vérité", qui est la façon authentique de servir le Créateur et d'aimer son prochain. Les סופרים sont les compagnons d'étude qui sont eux aussi attachés à la Vérité, c'est-à-dire au Créateur. L'influence de ces deux facteurs est déterminante pour progresser. C'est la raison pour laquelle le Rav Ashlag recommande de bien choisir, dans la mesure où cela est possible, son environnement.
Le choix d'un Rav
Voici ce qu'écrit le Rav dans le livre "Le Don de la Tora": "Nos Maîtres, de mémoire bénie, nous ont conseillé : « Choisis-toi un Rav et acquiers un compagnon d’étude » : chacun doit choisir un homme compétent en Tora et reconnu, pour qu’il devienne son Rav : grâce à lui, il parviendra à accomplir la Tora et les Mitsvot dans le seul but de procurer Satisfaction à son Créateur.
Le Rav présente deux avantages
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Étant donné qu’il s’agit de quelqu’un d’important, le disciple pourra s’efforcer de lui procurer satisfaction. Le bien que fera ce disciple se transformera, car en fait c’est lui qui recevra : grâce à cette source d’énergie naturelle, il pourra de plus en plus prodiguer le bien. Et après s’être habitué à faire le bien auprès de son Rav, il pourra appliquer ce comportement à la Tora et aux Mitsvot LiChma, en faveur du Créateur, car l’habitude sera devenue sa seconde nature.
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L’autre avantage est que la similitude de Forme par rapport au Créateur ne sert à rien si elle n’est pas permanente, c’est-à-dire jusqu’à ce que « Celui Qui connaît ce qui est caché » témoigne qu’il ne retournera plus à ses errements (Maïmonide, Hilkhot Techouva 2, 3). Cela n’est pas le cas pour la similitude de Forme par rapport à son Rav, car celui-ci vit en ce Monde et dans le cadre de limites temporelles : la similitude de Forme avec son Rav est utile bien que temporaire, mais il risque ensuite de retourner à ses errements. Donc, chaque fois qu’il parvient à la similitude de Forme avec son Rav, il s’attache à lui et, à cet instant, il perçoit les connaissances et les pensées de son Rav, en fonction du niveau de son attachement. Ainsi, le disciple peut prendre comme exemple la façon dont son Rav perçoit l’Essence du Créateur : le bien qu’il prodigue est transformé car, en fait, c’est lui-même qui reçoit, et il a assez d’énergie pour se dévouer entièrement et avec toutes ses forces. Alors, le disciple pourra également accomplir la Tora et les Mitsvot de façon désintéressée, « de tout son cœur, de toute son Âme et de toutes ses forces », ce qui est le Trésor précieux qui le conduira à un attachement éternel auprès de HACHEM, loué soit-Il.