La haine: obstacle à la liberté
- Michel Benhayim
- 6 sept.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 7 sept.

« L’obscurité ne peut chasser l’obscurité : seule la lumière peut le faire. La haine ne peut chasser la haine : seul l’amour peut le faire. La haine décuple la haine, la violence décuple la violence, et la sévérité décuple la sévérité… » (Martin Luther King)
La Tora nous invite à ne pas avoir de haine en nous, comme il est écrit :
« Ne déteste pas l’Édomite, car il est ton frère. Ne déteste pas l’Égyptien, car tu as été étranger dans son pays. » (Deutéronome 23, 8)
Souvenons-nous que les Égyptiens à l'époque de Moïse avaient contraint les Hébreux à travailler comme esclaves. Ils leur « rendirent la vie amère » (Exode 1, 14) en les soumettant à un régime impitoyable de travaux forcés et en les contraignant de manger « du pain de misère » (Deutéronome 16, 3). Ils organisèrent un génocide, et Pharaon ordonna à son peuple de jeter « tout enfant mâle [Hébreu] né, dans le fleuve » (Exode 1, 22).
Et voilà que, quarante ans plus tard, Moïse parle comme si rien ne s'était passé, comme si les Hébreux avaient une dette de gratitude envers les Égyptiens pour leur hospitalité. Pourtant, le Peuple et Moïse lui-même se trouvaient là où ils étaient uniquement parce qu’ils avaient fui la persécution égyptienne. De plus, Moïse ne voulait pas que le Peuple oublie ; au contraire, il leur ordonna de raconter chaque année l’histoire de la sortie d’Égypte. Et nous continuons à observer cette Mitsva au moment de Pessaḥ, où nous mangeons des herbes amères et du pain sans levain, afin que la mémoire soit transmise à toutes les générations futures.
En fait, Moïse suggère ici que si l’on veut préserver la liberté, il ne faut jamais oublier qu'il y a toujours un risque de la perdre. Et pourtant, ici, sur les rives du Jourdain, s’adressant à la nouvelle génération, Moïse dit au Peuple : « N’aie pas de haine pour l’Égyptien. »
Que veut nous dire ce verset ? Ce que dit Moïse, c’est que pour être libre, il faut se séparer de la haine. Si les Hébreux avaient continué à haïr leurs anciens ennemis, Moïse les aurait sortis d’Égypte, mais il n’aurait pas sorti l’Égypte des Hébreux. Mentalement, ils seraient encore là, esclaves du passé. Ils resteraient enchaînés, non par des chaînes en acier mais par des chaînes de l’esprit – et celles-ci sont bien plus contraignantes.
On ne peut pas créer une société libre sur la base de la haine. Ressentiment, rage, humiliation, sentiment d’injustice, désir de restaurer l’honneur en infligeant des blessures à ses anciens persécuteurs – tout cela témoigne d’un profond manque de liberté. Moïse dit qu’il faut vivre avec le passé, mais pas dans le passé. Ceux qui sont prisonniers de la colère contre leurs anciens oppresseurs sont encore des captifs. Ceux qui laissent leurs ennemis définir qui ils sont n’ont pas encore accédé à la liberté...
Rav Jonathan Sacks
Pour lire la suite, le texte complet vous sera envoyé gratuitement sur simple demande à Michel Benhayim (page Contact).
Commentaires