Où était Dieu à Auschwitz ?
- Michel Benhayim
- 30 juin
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 juil.

Les gens me demandent parfois : où était DIEU à Auschwitz ? Je ne sais pas, mais du point de vue juif, ce n'est pas la bonne question.
La véritable question est : où était l'humanité à Auschwitz ?
DIEU n’a jamais dit qu'il nous empêcherait de nous faire du mal, mais il nous a donné un Code moral [1], des Commandements gravés dans la pierre qui nous ont appris à nous en empêcher.
Où était l'humanité lorsque des vieillards et des femmes étaient assassinés, des millions de personnes gazées, des enfants jetés dans les flammes, alors qu'ils étaient encore vivants ?
La vraie question, tellement douloureuse que nous avons du mal à la poser, n’est pas de savoir où était DIEU lorsque nous L’avons appelé, mais où étions-nous lorsqu’Il nous a appelés ?
C’est ce contre quoi la Tora nous met en garde dans son tout premier chapitre, lorsque DIEU dit : « Faisons l'homme à Notre Image, selon Notre Ressemblance » [2].
Lorsque la vie humaine n’est plus sacrée, Auschwitz devient possible.

Chalom Katz était l’un des cinquante prisonniers à qui l’on avait ordonné de creuser sa propre tombe et de se tenir devant pour être fusillés. Avant que les fusils ne soient levés, il a demandé aux gardes la permission d'entonner אֵל מָלֵא רַחֲמִים, la prière juive pour les morts [3]. L’autorisation lui fut accordée. Il la chanta et les gardes furent tellement émus par la beauté de sa voix qu’ils le sortirent du rang et le gardèrent en vie afin qu’il puisse chanter pour eux.
À la libération d'Auschwitz, il chanta une seconde fois la prière pour tous ceux qui étaient morts. ‘DIEU Plein de Bienveillance, accorde le repos à ceux qui ont quitté ce monde et abrite leur Âme sous les Ailes de Ta Présence’.
Nous ne devons jamais oublier la Shoah. Nous ne devons plus jamais emprunter la voie qui commence par la haine et se termine par une tentative de génocide.
Vers la fin de sa vie, Moïse convoqua les Hébreux et leur dit : « J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. וּבָחַרְתָּ בַּחַיִּים. Et tu choisiras la vie » [4].
Les Juifs n'ont pas désespéré ; les survivants ont bâti de nouvelles vies ; de nouvelles Communautés se sont développées ailleurs.
Et dans l'État d'Israël, nous nous sommes réunis à nouveau en tant que Peuple, en construisant l’un des pays les plus anciens et les plus nouveaux du monde, et en chantant « עַם יִשְׂרָאֵל חַי, le Peuple juif est vivant ! ».
Pour moi, la Emouna [5] après Auschwitz, c’est le courage de vivre et d’apporter une nouvelle vie dans le monde, sans jamais oublier ceux qui sont morts, mais sans jamais céder au désespoir. Cela signifie lutter pour un monde dans lequel nous reconnaissons que ceux qui ne sont pas à notre image sont cependant à l’Image de DIEU.
Cela signifie se souvenir, au nom de la vie, de l’humanité et de l’espoir.

Et sur les visages des enfants juifs, je vois un Peuple qui a traversé « la vallée de l’ombre de la mort » [6] et qui revient à la vie, qui chérit la vie, qui la sanctifie et qui sait qu’en elle se trouve « le Souffle de Dieu » [7].
« Souviens-Toi de nous pour la Vie, ô ROI Qui désire la Vie, et inscris-nous dans le Livre de la Vie pour Toi [8], car tu es le Dieu Vivant » [9].
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Rav Jonathan Sacks |
Traduction et adaptation du texte original en anglais
Notes du traducteur :
[1] Un Code moral: la Tora.
[2] "Faisons l'homme à Notre Image..." : Genèse 1, 26.
[3] Prière juive pour les morts: pour l'élévation de leur Âme.
[4] « Et tu choisiras la vie : Deutéronome 30, 19.
[5] La Emouna: la Foi, que rien ni personne ne pourra nous enlever.
[6] "La vallée de l'ombre de la mort": Psaume 23, 4.
[7] "Le Souffle de Dieu": Genèse 1, 2.
[8] Pour Toi: pour la Gloire de Ton Nom.
[9] Extrait de la 'Amida récitée de Roch HaChana à Yom Kippour.
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