Bénédiction et Malédiction - Ki Tavo
- Michel Benhayim
- 10 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 sept.

La Bénédiction et la Malédiction Divines constituent le thème central de la Paracha כִּי־תָבוֹא Ki Tavo [Quand tu viendras] située dans le Livre de דְּבָרִים Devarim [Paroles/Deutéronome].
Cette Paracha contient l’un des passages les plus terrifiants de la Tora et elle rivalise avec le texte parallèle de בְּחֻקֹּתַי BeḤoukkotaï [Mes Lois] dans le Livre de וַיִּקְרָא VaYikra/Lévitique § 26. Ces deux passages sont connus dans la tradition sous le nom de תּוֹכֵחוֹת Reproches ou Remontrances. Il s’agit essentiellement d’avertissements sur le terrible sort qui attend les Juifs s’ils négligent ou abandonnent leur Alliance avec HACHEM.
Lorsque ces passages sont lus dans le contexte de notre époque, après la Shoah, ils semblent annoncer de terribles préfigurations de ce qui allait effectivement se produire. Si une grande partie du Livre de Devarim est une Vision prophétique ou un Rêve, la Remontrance est en réalité un cauchemar.
Voici sa conclusion :
« Et HACHEM te dispersera parmi tous les peuples, d’une extrémité de la Terre à l’autre… Et parmi ces nations tu ne trouveras pas de repos, pas un point d’appui pour la plante de ton pied ; là, HACHEM te donnera l'effroi dans ton cœur , Il mettra la défaillance dans tes yeux, l’angoisse dans ton Âme, et ton existence flottera incertaine devant toi, et tu trembleras nuit et jour, et tu ne croiras pas en ta propre vie ! Le matin tu diras : si c’était seulement hier soir! Et le soir tu diras: si c’était seulement ce matin ; si horribles seront les frémissements de ton cœur et le spectacle qui frappera tes yeux. Et HACHEM te fera reprendre, sur des navires, la route de l’Égypte, cette route dont je t’avais dit que tu ne la reprendrais plus ; et là, vous vous vendrez comme esclaves et servantes à vos ennemis, mais personne ne voudra vous acheter! »
Ce passage soulève des questions fondamentales : HACHEM est-il un DIEU de Colère et de Vengeance ? Pourquoi les innocents souffrent-ils ? Chaque malheur qui frappe les êtres humains est-il un exemple de la Justice Divine ? Les victimes méritent-elles toujours le sort qu’elles subissent ? Avraham n’a-t-il pas dit : « Feras-Tu périr le צַדִּיק Tsaddik [Juste] avec le רָשָׁע Racha’ [coupable] ? Peut-être y a-t-il cinquante Justes dans la ville ? Celui Qui juge toute la Terre ne rendrait-Il pas justice ? » (BeRechit 18, 23-25) Et Moïse n’a-t-il pas dit : « Un seul homme aurait fauté, et Tu T’irriterais contre toute la Communauté ? » (BeMidbar 16, 22)
Cette question est particulièrement aiguë en ce qui concerne la Shoah. Pourquoi HACHEM n’a-t-Il pas empêché cette catastrophe ? Pour poser le dilemme sous sa forme la plus forte, soit HACHEM n’a pas pu empêcher Auschwitz, soit Il a pu mais Il a choisi de ne pas le faire. S’Il n’a pas pu, comment peut-Il alors être TOUT-PUISSANT ? Et s’Il a pu mais ne l’a pas fait, comment peut-Il être entièrement BON ?
Ce sont là des questions très difficiles. Aucune tradition ne s’est penchée sur ces questions aussi longtemps et avec autant de courage que le Judaïsme. En effet, ces doutes ne sont pas ceux des non-croyants. Ils ont été soulevés par certains des plus grands croyants de tous les temps : אַבְרָהָם Avraham, מֹשֶׁה Moshé [Moïse], יִרְמְיָהוּ Yirmeyahou [Jérémie] et אִיּוֹב Iyov [Job], les Sages du Talmud de Babylone ou encore les auteurs des קִינּוֹת Kinnot (élégies) médiévales.
Il n’y a pas de réponse qui soit en mesure de dissiper tous les doutes. Le Talmud lui-même affirme que HACHEM a répondu à toutes les questions que Moshé lui a posées, sauf à celle-ci : pourquoi ceux qui font le bien sont-ils frappés par le mal ?
Il y a une profonde Sagesse dans le fait d’accepter qu’il existe des notions qui dépasseront toujours l’horizon des capacités de la compréhension humaine. « Si je pouvais comprendre DIEU, disait un Sage juif, je serais DIEU. »...
Rav Jonathan Sacks
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